
La transition vers un reporting environnemental robuste, notamment dans le contexte de la CSRD, impose aux organisations publiques et privées une évaluation approfondie de leurs émissions indirectes, connues sous le nom de scope 3. Cette exigence dépasse largement la simple conformité réglementaire : pour le secteur public (opérateurs de logements sociaux, gestionnaires de marchés publics), mais aussi dans l’industrie ou la distribution, la capacité à structurer une gouvernance tiers solide conditionne désormais la performance globale du bilan carbone.
Pourquoi le scope 3 est-il déterminant dans un reporting environnemental ?
L’analyse des émissions scope 3 offre une vision enrichie de l’ensemble des impacts sur la chaîne de valeur. Loin de reposer uniquement sur les résultats directs de l’entreprise, le scope 3 intègre les gaz à effet de serre (GES) générés tout au long du cycle d’approvisionnement, de production, de transport, d’utilisation et de fin de vie des biens et services achetés auprès des partenaires tiers. C’est cette comptabilité carbone élargie qui replace le dialogue collaboratif avec la chaîne de valeur au cœur de toute stratégie de résilience opérationnelle.
Les émissions indirectes représentent en moyenne 70% de l’empreinte carbone totale des entreprises, transformant leur maîtrise en enjeu stratégique majeur. Face à la montée des attentes réglementaires – parmi lesquelles la CSRD et les standards inspirés du GHG Protocol –, la fiabilité du reporting scope 3 ne se limite plus à un enjeu défensif. Elle devient un moteur d’innovation sectorielle : qu’il s’agisse d’éco-conception dans le BTP, de logistique bas carbone pour la distribution, ou d’optimisation des achats responsables dans le secteur public.
Quels défis dans la collecte de données scope 3 à grande échelle ?
Alors que la collecte des données d’activité internes relève souvent d’une démarche structurée, recenser et quantifier les émissions des activités externalisées suppose un dialogue efficace avec l’ensemble des parties prenantes externes. La diversité des flux au sein de la chaîne de valeur, combinée à l’hétérogénéité des formats et pratiques chez les prestataires externes, accroît la complexité de la méthodologie de collecte.
Selon l’étude de PWC intitulée Global CSRD Survey 2024, les entreprises soumises à la CSRD rencontrent des difficultés majeures dans la gestion des données ESG de leurs fournisseurs. Les difficultés rencontrées concernent principalement la granularité attendue des informations, la dispersion ou l’absence de standardisation des données transmises par les acteurs, ainsi que la gestion collaborative du consentement autour de la collecte environnementale.
L’effort exige donc une anticipation renforcée dès la phase amont de chaque projet, en intégrant ces exigences lors de la contractualisation avec les partenaires tiers. Cette approche préventive permet d’éviter la supplier fatigue et de construire une relation de confiance durable avec l’écosystème de fournisseurs.
Stratégie de collecte : quelles étapes pour réussir son reporting scope 3 ?
Définir un périmètre adapté à son secteur d’activité
Chaque filière – habitat social, industrie, BTP ou e-commerce – présente des risques spécifiques en matière d’émissions indirectes. Dans le secteur public, l’intégration des nouvelles API Entreprises dédiées au secteur public facilite désormais l’accès aux données environnementales des partenaires publics et parapublics.
Pour l’industrie soumise à la réglementation ICPE, le choix de prioriser certaines branches de fournisseurs selon leur risque GES démontre déjà des résultats probants. De même, le pilotage des appels d’offres des marchés publics intègre de plus en plus des clauses environnementales centrées sur le scope 3.
Identifier les gisements d’émissions les plus significatifs requiert un échange approfondi entre métiers, directions SI et partenaires tiers. Il devient alors possible d’articuler un plan de collecte progressif et ciblé, misant sur une évaluation collaborative plutôt que coercitive. Et, une fois le périmètre défini, l’enjeu devient opérationnel.
S’équiper d’outils adaptés pour collecter massivement les indicateurs d’activité
Pour répondre à l’obligation de transparence portée par la CSRD, il est nécessaire d’adopter une architecture de gouvernance tiers dédiée au traitement des données d’activité scope 3. Cela passe par la construction de questionnaires sectoriels alignés sur les exigences du GHG Protocol, favorisant l’automatisation et la standardisation des retours tout en préservant la sécurité des informations échangées.
Dans le secteur BTP, l’expérience de TELT avec ses 4 500 partenaires démontre l’efficacité d’une gouvernance centralisée des tiers critiques. Cette approche permet de traiter simultanément les enjeux de conformité réglementaire et de performance environnementale.
Dans la pratique, la réussite de ces campagnes de collecte repose sur la simplicité du dispositif proposé aux parties prenantes externes. Les processus doivent limiter la surcharge administrative, éviter la supplier fatigue et garantir un suivi en temps réel, grâce à des indicateurs partagés.
Former ses équipes et sensibiliser ses partenaires tiers
L’accompagnement pédagogique nécessite une double mobilisation : en interne, les personnes en charge du reporting environnemental doivent maîtriser la stratégie de collecte propre au scope 3 et accéder aux informations aisément; côté prestataires externes, il convient de communiquer clairement les attentes, de rappeler les engagements liés à la contractualisation et de valoriser les contributions dans une dynamique de progrès commun.
Quels sont les leviers d’optimisation du reporting scope 3 ?
Mise en place de référentiels sectoriels alignés sur le GHG Protocol
L’élaboration d’un reporting environnemental pertinent passe par la sélection rigoureuse d’indicateurs conformes au GHG Protocol mais personnalisés selon le secteur concerné. Dans les secteurs industriels, la déclinaison des facteurs d’émission selon les familles de produits ou process aide à affiner la pertinence des bilans carbone obtenus auprès des acteurs de la chaîne d’approvisionnement.
Ce travail structurel, mené en coordination avec les principales parties prenantes, permet d’ancrer durablement la qualité des données recueillies tout en anticipant les évolutions réglementaires futures. L’harmonisation avec les enjeux ESG et supply chain 2025 garantit une approche cohérente et pérenne.
Automatisation et sécurisation du suivi des échanges avec la chaîne de valeur
Un reporting scope 3 fiable repose sur un suivi récurrent et documenté des interactions entre directions internes et partenaires tiers. L’intégration de workflows automatisés, combinée à des dispositifs sécurisés de transmission des données, évite la perte d’information, réduit la charge manuelle et encourage une réponse plus rapide des parties sollicitées.
Pour le secteur de la distribution ou des marketplaces, cela signifie centraliser l’ensemble des échanges dans une plateforme unique, permettant à chacun d’accéder facilement à ses historiques déclaratifs et aux restitutions consolidées. Cette approche s’inscrit parfaitement dans les transformations du secteur retail.
Quels cas d’usage concrets pour le reporting scope 3 ?
Ces optimisations techniques trouvent leur application concrète dans plusieurs secteurs.
Optimisation du processus d’achat public et critères environnementaux
Dans le contexte des marchés publics, la prise en compte systématique du scope 3 révolutionne l’acte d’achat. Désormais, la pondération accrue des critères environnementaux incite à privilégier les offres incluant une traçabilité complète carbone, y compris via l’exigence de transmission des données de consommation des sous-traitants impliqués.
Cette évolution profite à la fois à l’organisme commanditaire, qui renforce sa crédibilité auprès des parties prenantes institutionnelles, et aux parties prenantes externes engagées dans une démarche volontaire d’amélioration continue. L’expertise développée dans le déploiement TPRM secteur public illustre cette transformation.
Suivi des chantiers BTP et réduction des GES générés par les tiers
Le secteur du BTP affronte une pression croissante sur la transparence de son empreinte environnementale. Grâce à une méthodologie de collecte homogène déployée sur l’ensemble des lots de sous-traitance, il devient possible d’identifier précisément les segments d’opérations présentant les plus forts leviers de décarbonation.
En agrégeant et en analysant les facteurs d’émissions des activités externalisées à partir des indicateurs réels d’activité (consommations matériaux, transports, utilités), les maîtres d’ouvrage peuvent ajuster leurs stratégies d’achat, optimiser la planification des travaux et accélérer l’accès aux labels de performance environnementale. Cette approche s’aligne avec les enjeux de décarbonation du BTP.
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Bonnes pratiques pour pérenniser la résilience opérationnelle liée au scope 3
Adopter une approche collaborative et transparente contribue non seulement à renforcer la robustesse des démarches de reporting environnemental, mais aussi à fédérer l’ensemble de la chaîne de valeur autour d’un objectif partagé de diminution des gaz à effet de serre.
Formaliser dès la phase contrat
des clauses spécifiques sur le partage des données environnementales permet d’éviter les blocages ultérieurs et d’ancrer les obligations dans la relation commerciale.
Déployer des outils sectoriels uniformisés
validés par les directions métier, SI et conformité afin de réduire la diversité des référentiels et faciliter l’adoption par les prestataires externes.
Animer régulièrement des ateliers de formation
destinés à tous les maillons de la chaîne de valeur afin de prévenir la résistance à la collecte et de maintenir l’engagement des parties prenantes.
Mettre en place un reporting annuel partagé
avec les partenaires tiers, intégrant un volet retour d’expérience pour adapter la méthodologie de collecte aux évolutions sectorielles et réglementaires.
Favoriser le recours à des standards reconnus
(GHG Protocol, facteurs ADEME) pour garantir l’harmonisation des calculs et la comparabilité sectorielle.
La stratégie de collecte à grande échelle, si elle intègre l’ensemble de ces dimensions, devient un levier majeur pour piloter efficacement la transformation écologique et consolider la résilience opérationnelle exigée par la nouvelle donne réglementaire.
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