
Bien anticiper son empreinte carbone en évaluant les fournisseurs et identifier la maturité Scope 3
Dans un contexte où la gouvernance environnementale des tiers devient un enjeu stratégique majeur, les entreprises doivent désormais évaluer et gérer l’impact carbone de l’ensemble de leur chaîne de valeur. L’évaluation du scope 3 représente un défi considérable mais incontournable pour assurer la résilience opérationnelle des organisations face aux exigences réglementaires croissantes. Comprendre les principes et mécanismes de cette évaluation constitue la première étape essentielle avant de pouvoir mettre en oeuvre une stratégie efficace.
Selon le rapport Thomson Reuters, les émissions indirectes du scope 3 sont en moyenne 11 fois supérieures aux émissions directes des entreprises et représentent plus de 70% de leur empreinte carbone totale. Cette réalité transforme radicalement l’approche de la conformité environnementale, passant d’une logique interne à une véritable évaluation collaborative impliquant l’ensemble des partenaires tiers.
Cet article explore d’abord les fondamentaux de l’évaluation du scope 3 pour en faciliter la compréhension, puis détaille comment mettre en place une méthodologie efficace d’évaluation du scope 3, en s’appuyant sur l’expertise acquise dans la gestion de plus de 450 000 tiers et sur les principes du TPGRC (Third Party Governance & Risk Compliance) pour répondre aux enjeux sectoriels spécifiques.
Qu’est-ce que le scope 3 ?
Le scope 3 représente l’ensemble des émissions indirectes générées par les parties prenantes externes tout au long de la chaîne de valeur d’une organisation. Contrairement aux scopes 1 et 2 qui concernent les émissions directes et celles liées à l’énergie achetée, le scope 3 englobe toutes les autres émissions indirectes. Comprendre cette dynamique est fondamental avant d’envisager toute mise en oeuvre opérationnelle d’une gouvernance tiers efficace.
Selon le GHG Protocol, ces émissions peuvent être réparties en 15 catégories distinctes, couvrant à la fois les activités en amont (approvisionnement, transport) et en aval (utilisation des produits, fin de vie). L’analyse conjointe de ces émissions est cruciale car elles représentent en moyenne 70% de l’empreinte carbone totale d’une entreprise selon le CDP.
Dans le secteur de la construction par exemple, les émissions scope 3 proviennent principalement des matériaux achetés (ciment, acier, verre) et représentent jusqu’à 90% de l’empreinte carbone totale. Cette prépondérance des émissions externes nécessite une refonte complète des pratiques d’évaluation, orientant les entreprises vers une démarche inclusive qui place les partenaires tiers au centre de la stratégie environnementale.
La mise en place d’un pilotage des partenaires externes efficace permet d’identifier les points critiques et d’engager une démarche collaborative avec les partenaires pour réduire l’impact environnemental global.
Méthodologie pour évaluer le scope 3
L’évaluation des émissions du scope 3 nécessite une approche structurée et concertée avec les acteurs de la chaîne de valeur. Selon le GHG Protocol, cette méthodologie structurée requiert “un engagement plus large au sein de l’entreprise déclarante, ainsi qu’avec les fournisseurs et partenaires externes” pour être véritablement efficace.
La gouvernance des tiers efficace commence par l’identification des catégories pertinentes du scope 3 pour votre organisation, suivie d’une priorisation des partenaires selon leur impact potentiel. Cette cartographie détaillée permet ensuite d’engager un dialogue constructif avec les fournisseurs, en expliquant l’importance de la démarche et ses bénéfices mutuels. Cette méthodologie d’évaluation collaborative se décompose en étapes clairement définies : identification, priorisation, engagement et suivi continu.
Dans le secteur industriel, les entreprises peuvent réduire considérablement le phénomène de « supplier fatigue » en adoptant un processus d’appréciation mutualisé plutôt qu’une approche d’audit traditionnelle. Selon la CSRD, cette méthode permet d’améliorer la qualité des données tout en renforçant les relations avec les partenaires tiers.
Sources d’émissions et collecte de données
La collecte de données représente une étape cruciale de la méthodologie d’évaluation du scope 3. Une mutualisation sécurisée des données selon le modèle « pay-to-collect » permet d’optimiser ce processus tout en garantissant la qualité des informations recueillies.
Les méthodes de collecte peuvent être basées sur les dépenses (utilisant les données financières), sur l’activité (s’appuyant sur des données mesurables spécifiques), ou adopter une approche hybride selon la disponibilité des données. Dans le secteur du BTP, par exemple, l’analyse des matériaux de construction représente jusqu’à 90% de l’empreinte carbone totale selon l’ADEME.
Plateformes de gouvernance intégrées
Les plateformes de gouvernance intégrées remplacent aujourd’hui les outils normalisés traditionnels, offrant une approche plus complète et efficace. Ces solutions permettent d’automatiser la collecte des données, d’harmoniser les formats entre différents partenaires et d’intégrer les systèmes de gestion existants. Ces solutions technologiques viennent renforcer la méthodologie d’évaluation en automatisant les processus les plus complexes.
L’analyse documentaire assistée par IA permet de traiter efficacement les documents fournis par les fournisseurs stratégiques, d’extraire automatiquement les informations pertinentes et de valider les certifications spécifiques au secteur. Dans la distribution, cette technologie facilite l’évaluation des marketplaces et la conformité des produits, tout en assurant un monitoring temps réel des partenaires.
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Enjeux de la gouvernance tiers
L’intégration de l’évaluation du scope 3 dans la stratégie de gouvernance des tiers représente un enjeu majeur pour les organisations. Selon le Réseau Action Climat, les émissions du scope 3 peuvent être trois à quatre fois plus élevées que celles des scopes 1 et 2 combinés, soulignant l’importance d’une évaluation collaborative avec les partenaires externes.
Dans le secteur public, les collectivités territoriales font face à des exigences croissantes concernant la transparence de leur chaîne d’approvisionnement. La mise en place d’une gouvernance environnementale des tiers permet non seulement d’assurer la conformité réglementaire, mais aussi de renforcer la capacité d’adaptation opérationnelle face aux risques climatiques.
Les nouvelles réglementations comme la CSRD imposent désormais une évaluation approfondie des émissions indirectes tout au long de la chaîne de valeur, transformant ce qui était autrefois une démarche volontaire en une obligation légale. Cette évolution réglementaire favorise les organisations qui ont adopté une approche proactive de pilotage des risques tiers.
Optimisation collaborative de l’empreinte environnementale
La réduction des émissions du scope 3 nécessite une approche systémique basée sur l’évaluation continue des partenaires tiers. Cette approche collaborative constitue un levier essentiel de décarbonation de la chaîne de valeur, particulièrement pour les activités en amont.
Dans le secteur de la distribution, les entreprises peuvent privilégier des fournisseurs locaux pour leurs matières premières, réduisant ainsi les émissions liées au transport international et aux chaînes logistiques complexes. Cette stratégie d’approvisionnement durable s’inscrit dans une démarche plus large de gouvernance tiers et permet d’améliorer significativement le bilan carbone global.
L’exploitation de solutions de pilotage centralisées facilite cette démarche en permettant le suivi en temps réel des performances environnementales des partenaires et l’identification des opportunités d’amélioration collaborative, tout en garantissant la souveraineté des données conformément aux standards européens.
Mesure des bénéfices environnementaux et économiques
L’évaluation du scope 3 génère des bénéfices tangibles tant sur le plan environnemental qu’économique. Selon le Science Based Targets Initiative, « une gouvernance tiers robuste permet non seulement d’identifier les risques mais aussi de découvrir des opportunités d’innovation et de collaboration » qui renforcent la résilience opérationnelle des organisations.
Dans le secteur de la distribution, l’examen concerté des partenaires logistiques peut réduire les coûts opérationnels de 5 à 15% tout en diminuant l’empreinte carbone. Cette approche transforme les efforts de réduction de l’empreinte carbone en avantage concurrentiel, particulièrement pour les entreprises soumises aux exigences de la CSRD.
La mise en place d’un système de surveillance permanente des performances environnementales des tiers permet également d’anticiper les risques réglementaires et de répondre efficacement aux attentes croissantes des investisseurs en matière de transparence extra-financière.
Impact sur la chaîne de valeur
L’évaluation collaborative des tiers génère un effet d’entraînement positif sur l’ensemble de la chaîne de valeur à travers sa stratégie de gouvernance des tiers.
Dans le secteur public, les collectivités territoriales qui intègrent des critères environnementaux dans leur évaluation des acteurs de la chaîne de valeur créent un effet multiplicateur qui transforme progressivement les pratiques de tous les fournisseurs. Cette démarche renforce la transparence des procédures et améliore l’efficacité des politiques publiques de diminution des émissions GES (Gaz à Effet de Serre) d’autant que certains acteurs publics sont exposés à SPASER.
Les outils de supervision consolidés facilitent cette transformation en permettant le partage sécurisé des données environnementales entre partenaires, réduisant ainsi la « supplier fatigue » tout en améliorant la qualité et la fiabilité des informations collectées pour un reporting conforme aux exigences réglementaires européennes.
Pourquoi l’évaluation du scope 3 est-elle essentielle pour l’avenir ?
L’évaluation du scope 3 représente bien plus qu’une simple démarche environnementale : elle constitue un pilier fondamental de la maîtrise des risques liés aux tiers. Selon le Science Based Targets Initiative, « les entreprises qui négligent leurs émissions indirectes passent à côté d’opportunités significatives de réduction des risques et d’innovation collaborative« .
La transition du TPRM vers le TPGRC (Third Party Governance & Risk Compliance) place la démarche partenariale d’évaluation au coeur des stratégies de développement durable. Cette approche permet d’identifier les risques cachés tout en renforçant la solidité organisationnelle face aux défis réglementaires croissants comme la CSRD.
Dans le secteur industriel, les entreprises pionnières transforment déjà leur chaîne d’approvisionnement grâce à des plateformes de gouvernance intégrées qui facilitent la transition bas-carbone à travers l’évaluation continue des partenaires tiers. Cette démarche proactive ne se limite pas à la conformité : elle crée un écosystème de partenaires alignés sur des objectifs communs de performance environnementale et économique.
Une compréhension approfondie des mécanismes d’évaluation du scope 3 est le préalable indispensable à l’action. L’avenir appartient aux organisations qui, après avoir maîtrisé ces concepts, sauront faire de l’évaluation du scope 3 un levier stratégique de transformation et d’innovation collaborative.
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